Et si vous étiez nomophobe ? Derrière ce terme se cache une personne angoissée à l’idée d’être privée de son téléphone portable. Une inquiétude également nourrie par l’usage professionnel quotidien parfois imposé de l’appareil. Pour évaluer son addiction, une possibilité : tenter de lâcher son mobile ce lundi 6 février 2017, décrété journée nationale sans smartphone. Et vous, où en êtes-vous ?
Sondage. #journeesansportable : pouvez-vous passer de votre smartphone pendant au moins une journée ?
— 76actu (@76actu) 6 février 2017
À l’origine, cette campagne de sensibilisation de trois jours, a été lancée par un auteur français, Phil Marso, le jour de la Saint-Gaston, en référence à la célèbre chanson de Nino Ferrer. Depuis 2001, il initie une réflexion sur trois jours autour de l’usage du téléphone portable. Du 6 au 8 février 2017, la thématique tourne autour de l’addiction obligatoire et de la domination du mobile dans nos vies.
Le téléphone doudou
Le smartphone agit comme un doudou virtuel. À tel point que quand on est coupé, on peut éprouver de l’angoisse et un sentiment d’abandon, estimait Laurent Karila, addictologue et porte-parole de l’association SOS Addiction, au Monde, en janvier 2017
« S’en priver donnerait une sensation de manque comparable à celle éprouvée par les drogués », jugeait même un médecin, selon des propos rapportés par le quotidien.
Selon le sociologue Francis Jauréguiberry, également cité par le Monde, les utilisateurs seraient anxieux à l’idée de rater quelque chose.
Ce à quoi il est difficile de renoncer est exactement la même chose que ce qui pousse à interroger de façon frénétique sa messagerie ou ses réseaux sociaux. Il y a comme une attente diffuse mais constante de se laisser surprendre par de l’inédit et de l’imprévu, par un appel ou un SMS qui va changer le cours de sa journée ou de sa soirée en la densifiant ou en la diversifiant, et en rendant, finalement, sa vie plus intéressante et plus intense.
Des Français de plus en plus accros
Selon un sondage de Deloite, conduite auprès de 2003 personnes, âgées de 18 à 75 ans, et rapportée par LCI, 77% des Français interrogés déclarent posséder un téléphone portable en 2016, soit 7% de plus que l’année précédente. Un Français sur cinq utilise son mobile dès les cinq premières minutes, après le réveil et en dehors de la désactivation de l’alarme, une proportion doublée chez les 18-24 ans. Le soir, 23% des Français le consultent avant de dormir.
Selon le même sondage, les Français vérifient en moyenne 26,6 fois par jour leur mobile. Une veille qui atteint les 50 fois pour les 18-24 ans. Symptomatique de l’addictologie, 41% d’entre eux confessent consulter leur téléphone en milieu de la nuit, et 7% de répondre aux messages nocturnes. Quant aux usages à risque, ils sont 58% à consulter leur téléphone au volant et 66% lorsqu’ils traversent la rue. Enfin, 81% des Français disent consulter leur téléphone pendant les repas familiaux ou entre amis.
L’usage frénétique pénalise au quotidien
Selon une étude rapportée par Slate, le temps passé sur les réseaux sociaux priveraient les utilisateurs de 2 250 heures de lecture par an, soit près de 200 livres.
Tandis qu’un sondage, réalisé par AVG Technlogies et cité par Le Monde, révèle l’addiction des parents au téléphone : 50% des 6 117 parents interrogés déclarent se laisser distraire par leur mobile durant leurs échanges avec leur enfant, tandis que 36% le consultent pendant les repas, et 28% en jouant avec les petits. Par ailleurs, 45% des enfants considèrent que leur parents utilisent trop souvent leur téléphone, et 27% rêvent de le leur confisquer.